Au ministère de la Défense, les achats sont un élément-clé de l'efficacité opérationnelle
Publié par Aude Guesnon le - mis à jour à
Derrière les opérations des forces armées françaises dans le monde ou sur le territoire français, il y a une logistique millimétrée... et les achats se doivent être extrêmement réactifs et efficients pour répondre aux besoins de ses bénéficiaires. Rencontre avec Jean Bouverot, chef de la mission achat
Les événements actuels impactent les achats, hors armement, du ministère de la Défense. "Avec la menace pesant sur notre pays, la protection de la population nécessite un effort sans précédent des armées et du ministère de la Défense dans son ensemble pour répondre au défi sécuritaire", atteste Jean Bouverot, chef de la mission achats et responsable ministériel des achats, qui reconnaît qu'un tel effort demande un travail conséquent : "Les armées, directions et services, ont été éprouvées, et continuent de l'être dans leur capacité à trouver des solutions financières et techniques rapides et répondant aux besoins."
Derrière les opérations des forces armées dans le monde ou sur le territoire français avec le plan Vigipirate, il y a une logistique millimétrée et les achats se doivent être extrêmement réactifs et efficients. L'opération Sentinelle est un exemple parmi d'autres : "Il a fallu trouver des solutions", indique Jean Bouverot, et ce, dans un contexte de réduction des dépenses. "Les équipes du ministère essaient de maintenir le volume d'achats "normal", mais dégagent des marges de manoeuvre grâce à leur capacité à réaliser un achat performant et innovant. Cela a été le cas pour permettre de loger les hommes de l'opération Sentinelle, par exemple", illustre-t-il.
"En mettant notamment à disposition les infrastructures, matériels, équipements individuels et services dont les soldats engagés ont besoin, les achats hors armement ont démontré leur capacité à répondre aux besoins opérationnels en temps et en heure avec la qualité de service attendue", approuve Jean-Paul Bodin, secrétaire général pour l'administration, qui reconnaît la fonction achats comme "un élément majeur de l'efficacité opérationnelle". Si ce satisfecit de la hiérarchie ne peut que combler les acheteurs, la pression n'en est que plus importante. Loin de s'en plaindre, Jean Bouverot y répond avec toute son énergie, fier de la mission qui lui a été confiée : "Dans un pays, il n'y a qu'une armée. C'est un honneur de la servir."
Les achats, au service des bénéficiaires
Au ministère de la Défense, encore plus qu'ailleurs, les achats sont positionnés au service des bénéficiaires - "On ne parle surtout pas de clients internes, mais de bénéficiaires" - qu'il s'agit d'écouter. "L'acheteur se doit d'être attentif aux besoins de ceux qu'il doit servir", souligne Jean Bouverot.
Le service. L'engagement. Ces mots reviennent souvent dans sa bouche : "Si j'ai une écoute attentive, je vais identifier le besoin et pouvoir le mettre en corrélation avec un service, dans un respect de la qualité, du coût et du délai." Et pour pouvoir assurer ce service, le ministère - premier acheteur de l'État avec 33 % de ses dépenses - s'est engagé, en 2008, dans un vaste programme de réforme "dont les orientations sont fixées par un comité ministériel réunissant armées et services et présidé par le secrétaire général pour l'administration".
Cette démarche, spécifie Jean Bouverot, "s'inscrit dans la droite ligne de la politique interministérielle de professionnalisation de la fonction achats de l'État". Elle vise des objectifs de performance sur un périmètre de 4 milliards d'euros (hors armement), qui se traduisent par des résultats concrets. En 2015, ce sont plus de 130 millions d'euros de gains d'achats qui ont été générés. À noter que plus de 30 % des achats ont été réalisés auprès de PME. Plus de 5 % et 13 % des marchés ont respectivement intégré des clauses sociales et environnementales.
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