Emballages et conditionnement - des contraintes écologiques à la création de valeur
Publié par Mathieu Neu le | Mis à jour le
Les critères écoresponsables bouleversent les chaînes d'approvisionnement. Même si le virage écologique reste souvent cantonné aux solutions de transport et d'énergie, les emballages évoluent à la faveur d'innovations prometteuses.
Une étude publiée en avril dernier par la plateforme d'expédition Sendcloud indique que plus de la moitié des consommateurs français (56%) redoute les conséquences environnementales qui pourraient découler de l'essor important du e-commerce. Les emballages utilisés sont en tête de liste des préoccupations évoquées : 82% des personnes interrogées considèrent que ceux-ci devraient être entièrement recyclables. Et ils sont 67 % à penser que les e-commerçants les emploient en trop grande quantité lors de l'envoi des commandes. Des chiffres qui témoignent de temps qui changent et qui placent les problématiques des emballages et du conditionnement au coeur des nouveaux défis des chaînes d'approvisionnement.
Les initiatives en faveur de pratiques plus écoresponsables se multiplient d'ores et déjà, à l'image du partenariat qui a vu le jour il y a quelques mois entre La Poste et l'entreprise finlandaise RePack qui propose un service de colis réutilisables. L'objectif principal de ce rapprochement est d'optimiser la performance environnementale et l'efficacité du service, et de fournir une solution de livraison durable à un plus grand nombre d'acteurs français. L'emballage est en matériau 100 % recyclé, et peut être réutilisé au moins 20 fois. Il est de nouveau recyclé en fin de vie. Après réception du colis, le RePack doit simplement être plié et glissé dans une boîte aux lettres ou déposé dans un point de collecte. La solution prend à son compte les coûts de la logistique retour et de la remise en circulation de l'emballage.
Des innovations portées par les stratégies RSE
L'intégration de critères écoresponsables dans les chaînes d'approvisionnement est récente. Guillaume Delaval, directeur RSE chez ID Logistics, constate "une évolution forte depuis environ trois ans. Des pure players, des entreprises qui développent des branches d'e-commerce ou, encore, les livraisons à domicile ont ouvert la voie. Aujourd'hui, les priorités RSE s'étendent largement, mais il est vrai que les mesures prises concernent d'abord l'énergie et les transports, et assez peu l'emballage."
Pour autant, les usages et les décisions changent très vite. "Les demandes de remplacement d'emballages polluants ne sont plus rares. Un grand nombre d'emballages perdus concerne le plastique. On veut alors qu'il soit davantage recyclable, donner la possibilité d'une vie a posteriori plus acceptable. Le recours aux matières déjà issues du recyclage, ou le transfert souhaité par le client vers du carton, bien moins polluant en termes d'impact carbone, vont connaître rapidement une forte croissance", poursuit-il. Sur les emballages non perdus, qui sont renvoyés au logisticien, la demande de plastique réutilisable, pliable et empilable, affiche globalement une hausse. "Certains secteurs tels le textile ou la cosmétique sont décrits comme avant-gardistes. Ils consacrent davantage de moyens, de temps à l'emballage, et disposent souvent d'une réflexion plus aboutie, pour des raisons marketing", souligne Guillaume Delaval. La tendance semble désormais être à la généralisation.
"Les problématiques environnementales deviennent centrales pour tous les secteurs. Nous observons que l'urgence climatique convainc même les activités n'ayant pas d'enjeux d'image verte très forts vis-à-vis de leurs clients de franchir le pas vers les emballages écoresponsables", constate Katia Michieletto, qui pilote le groupe de travail Supply chain For Good au sein de l'association France Supply Chain.
Un levier d'efficacité
Ulrick Parfum, directeur achats et marketing produits, chez le spécialiste des solutions d'emballage Raja, est confronté à des attentes sur le plan RSE de plus en plus fortes : "86 % de nos produits actuels sont achetés en Europe. Et 95 % de nos fournisseurs sont européens. Notre politique achats est alignée sur notre politique de vente, et contribue aux développements RSE, ce qui n'est d'ailleurs pas antinomique avec la compétitivité des achats."
Raja a élaboré des emballages avec une deuxième bande adhésive intégrée, permettant de gérer le retour du colis, sans être obligé de récupérer un autre carton et un nouvel élément adhésif. Un atout environnemental qui représente aussi une source d'optimisation économique. "Le ROI peut tout à fait être positif avec des solutions d'emballage tournées vers l'avenir, ce qui est parfois méconnu. Il est intéressant, par exemple, d'investir dans les solutions de découpe permettant d'obtenir la bonne quantité de matière pour emballer le produit. L'élimination du vide se traduit par un gain de matière, puis, en aval, par un gain de transport", explique Paco Ribagnac, qui fait aussi partie du groupe de travail Supply chain For Good.