DossierComment mesurer la valeur créée par les achats responsables et durables
1 - Calculer le TCO de l'acheteur
La réduction et l'optimisation des coûts sont l'une des principales créations de valeur de l'acheteur. Si ces coûts sont traditionnellement classés en 5 catégories, il convient d'en ajouter une sixième : la responsabilité...
Outre les objectifs traditionnels liés au QCD (qualité coût délai), les achats responsables et durables (ARD) engagent des actions pour la protection de l'environnement, l'inclusion sociale et la durabilité économique dans le but de créer de la valeur à plus long terme, et donc d'assurer la pérennité de l'entreprise ou de l'organisation. Que ce soit par une réduction et une optimisation des coûts, par un accroissement direct et indirect du chiffre d'affaires, par une augmentation des liquidités ou par une meilleure maîtrise des risques achats, la création de valeur de l'entreprise s'étend dans le temps et à l'ensemble de ses parties prenantes dans l'esprit "creating shared value", tel que proposé par Michael Porter. Se pose donc, de manière très actuelle, la question de la mesure de la valeur apportée par les ARD.
La réduction et l'optimisation des coûts sont l'une des principales créations de valeur de l'acheteur. L'outil de mesure des coûts que nous utilisons ici est le TCO (total cost of ownership) et sa variation suivant les décisions de l'acheteur. Classiquement, le TCO recense tous les coûts, directs, indirects et temporels liés à l'achat d'un produit ou d'un service. La notion de temps, bien que souvent oubliée, est très importante dans la mesure où le calcul des coûts s'effectue sur le cycle de vie complet du produit ou du service, prenant en compte, par la même occasion, leur actualisation. Ces coûts sont classés suivant cinq catégories : l'achat, l'approvisionnement, l'utilisation ou la fabrication, la maintenance ou l'après-vente, et la gestion de fin de vie.
Une sixième catégorie baptisée "responsabilité"
Ce découpage, bien que largement répandu, n'est cependant pas exhaustif et ne reflète pas l'intégralité des coûts sur le long terme. En effet, la mutation des achats vers les ARD permet de prendre conscience de l'existence d'une sixième catégorie de coûts, systémique, occultée jusqu'à présent par l'ignorance ou, pire, par la volonté de ne pas vouloir s'en préoccuper, dans la mesure où ses effets ne sont souvent ressentis qu'en cours de cycle de vie, voire après : le coût social et environnemental. Nous appelons cette catégorie : "responsabilité".
Les éléments de coûts alimentant cette nouvelle catégorie sont, pour les plus simples, ceux liés aux taxes de l'État, de type Agefiph, composante carbone ou autre future taxe. D'autres éléments, bien plus complexes et difficilement quantifiables, sont les coûts liés à la pollution des eaux, de la terre, de l'air, etc., leurs conséquences directes (nettoyage des zones polluées, par exemple, assainissement des eaux usées, etc.) et indirectes (santé publique, altération de l'image de l'entreprise pollueuse, etc.). Seuls les amendes, indemnités, réparations et moyens mis en oeuvre pour remédier à cette destruction de valeur sont comptabilisables dans le TCO. Les impacts sur le long terme de ces actions (changement climatique, destruction de la faune et de la flore, etc.) se révèlent difficilement valorisables faute de moyens adéquats, de connaissances et de capacité à imputer avec précision les actions à chaque entreprise fautive.