Pascal Decary (Veolia Environnement): "Acheter moins mais mieux est un vrai défi durable"
Publié par Anne-Sophie David le - mis à jour à
Less is more. Directeur des achats du Groupe Veolia Environnement depuis fin 2013, Pascal Decary a oeuvré à la mise en place d'une politique d'achats responsables qui repose sur l'idée en apparence simple, d'acheter moins mais mieux.
Quelle organisation achat avez-vous mise en place ?
La nouvelle organisation achat a été annoncée le 1er octobre 2013 dans le prolongement de la nouvelle organisation du groupe Veolia. Ma fonction couvre tous les achats du Groupe (production et hors production) à l'exception des achats d'assurance et ceux liés à la couverture sociale des salariés, qui relèvent des RH.
La mission de la direction des achats du groupe consiste, entre autres, à sourcer les produits sur lesquels nous sommes sur des marchés mondiaux. Chaque BU possède un directeur achat, lequel a un double rattachement hiérarchique, à la fois à la BU ainsi qu'un rattachement fonctionnel à la direction des achats du Groupe. J'ai pour ma part, au niveau corporate, un directeur achats par principaux domaines : la sous-traitance, l'énergie, la production, les achats indirects et les déplacements professionnels.
La fonction achats est hiérarchiquement rattachée à François Bertreau, directeur des opérations, dont la direction couvre l'ensemble des BU ainsi que la direction des systèmes d'information, la direction technique et performance.
Sur quelles bases repose votre politique d'achats durables ?
La politique que j'ai proposé à Antoine Frérot et François Bertreau, consiste d'abord à acheter moins. D'une part pour que les achats soient responsables et porteurs d'économies pour le groupe et acheter mieux d'autre part, en privilégiant notamment les circuits courts et la proximité territoriale de nos fournisseurs. Le " acheter moins cher " arrive en dernier. L'essentiel de mon travail à la direction des achats consiste à faire en sorte qu'à tous les niveaux de l'organisation, les collaborateurs agissent selon cette logique.
Nous devons également avoir un comportement responsable. Il y a cinq ans, nous avons entièrement reconstruits une usine dans l'Ohio, nous nous sommes donc engagés à sourcer 95% de cette dépense dans l'Ohio. Pour les 5% restants, nous leur avons demandé l'autorisation de sourcer ailleurs. Circuits courts, ancrage dans le territoire et achats locaux, cette opération nous a permis d'affirmer notre démarche volontariste d'achats durables.
Enfin, être responsable signifie, pour nous, réduire continuellement nos délais de paiement car des fournisseurs payés en temps et en heure, c'est plus de performance apportée par ceux-ci à Veolia. Lorsque vous êtes sur de l'achat de sous-traitance cela impacte forcément la qualité du travail du sous-traitant sur le site.Les collaborateurs de Veolia portent des valeurs liées à la préservation de la planète et de l'environnement. C'est notre force. En matière d'achats durables, nous n'avons donc pas de difficulté à les convaincre. Nos clients attendent aussi de nous que nous soyons compétitifs en prix, crédibles et porteurs de valeur sur l'environnement. Cela nous pousse donc à travailler sur les achats durables, l'économie circulaire et à développer lorsque cela est possible des circuits courts d'approvisionnement.
L'achat durable est-il générateur d'économies ?
Clairement oui, il participe à l'amélioration de la situation économique de l'entreprise. Pour les achats de production, par exemple, l'approche "Total Cost of Ownership" permet de réaliser des économies d'échelles puisqu'il intègre l'ensemble des coûts sur toute la durée de vie du produit. L'achat durable a également un impact pédagogique très fort sur nos collaborateurs et chez nos clients. D'autre part, il impacte l'image du Groupe car, lorsque l'on est Veolia, on se doit de sensibiliser les différents acteurs et d'être les plus innovants. Les collaborateurs les plus créatifs aujourd'hui en matière d'achats durables dans nos équipes sont nos jeunes ingénieurs.