[Billet d'humour] Thé, c'est eau ?
Publié par Firmin de Montalembert le - mis à jour à
Tout le monde dans les achats a entendu parler du TCO (Total Cost of Ownership), mais personne ne semblait le calculer de la même manière. Est-ce que ça n'aurait-y pas été un grand mot savant des Achats, un peu comme l'auberge espagnole où tout le monde y amène ce qu'il veut?
Tout allait sereinement en ce nouveau matin de télétravail : attablé devant mon ordinateur, j'étais en train de décompter la petite centaine d'e-mails arrivés la veille quand le téléphone sonna... C'était mon vieux copain Bérurier, un as de la vente, et qui était fier comme un bar-tabac ! Tout excité, il m'expliqua qu'il avait eu une négo la veille avec un acheteur qui lui avait confirmé que son offre commerciale était excellente, et qu'il allait faire un "TCO"... Et là, gros blanc sur la ligne. Bérurier me demanda, un peu paniqué : "et toi Firmin, tu sais ce que c'est, au fait, un TCO ?".
Me disant que je devais bien rendre ce petit service à Béru (c'est comme ça qu'on l'appelle entre nous), j'appelais aussitôt quelques collègues acheteurs pour me rencarder sur ce fameux "TCO".
J'avoue, ô lecteur, que mon premier appel fut infructueux, car le premier collègue me dit que c'était un "Tableau de Comparaison des Offres"... un peu court, jeune homme (ne riez pas, c'est bien une expérience réelle)! Le deuxième, qui avait un peu plus de lettres, me dit : "mais enfin, Firmin, c'est un Total Cost of Ownership ! Moi, je rajoute les coûts de transports au prix Ex-works, et c'est comme ça que j'obtiens le TCO" (idem). Toujours pas convaincu, j'en appelais un troisième, qui me dit que pour le TCO, c'était très simple, il s'agissait juste de rajouter les amortissements des investissements aux prix pièces...
Au bout de ces trois appels, j'avoue que j'étais un peu perturbé : tout le monde dans les achats a entendu parler du TCO (Total Cost of Ownership), mais personne ne semblait le calculer de la même manière. Est-ce que ça n'aurait-y pas été un grand mot savant des Achats, un peu comme l'auberge espagnole où tout le monde y amène ce qu'il veut?
Alors là, je me suis fâché tout rouge : déjà, moi, je ne sais pas ce que c'est qu'un TCO, je suis bien trop ignare pour ça, surtout de bon matin. Je connais bien le coût du cycle de vie d'un produit (CCV en français, ou Life Cycle Cost en anglais). En même temps, je n'ai pas de mérite : le concept existe depuis près de 40 ans. Il y a plein de normes là-dessus : MIL-HDBK-259, MIL-STD-1388, S3000L... Et, en plus, cerise sur le gâteau, ça permet aussi d'intégrer des éléments non économiques, comme l'impact sur l'environnement. Il paraîtrait que ça peut même aider, si on veut obtenir l'objectif de neutralité carbone en 2050.
J'appelais derechef Béru : "t'inquiète pas, le TCO, c'est un truc d'acheteur", et je raccrochais avant d'aller prendre un nouveau café et d'entamer la journée. Elle est pas belle, la vie ?
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
Lire les précédentes chroniques de Firmin:
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"Argent : trop cher, trop grand" - (suite et fin)
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