Pourquoi les achats doivent être le moteur de la réduction des émissions de CO2 de scope 3?
Publié par Pascal Bensoussan, Chief Product Officer d'Ivalua le - mis à jour à
Atteindre l'objectif "net zéro" est depuis longtemps un point essentiel à l'ordre du jour des chefs d'entreprise et des conseils d'administration. Toutefois, alors que les émissions scope 1 et 2 constituent désormais un indicateur clé de performance en matière de développement durable, les émissions de gaz à effet de serre du scope 3 restent la pièce manquante du puzzle "net zéro".
Les émissions scope 3 sont des émissions indirectes de gaz à effet de serre (GES) provenant de la chaîne de valeur d'une organisation. Ces dernières sont calculées à partir des émissions provenant de l'extérieur de l'entreprise mais de sa chaîne d'approvisionnement, comme les biens et services achetés, l'élimination des déchets, les biens d'équipement et la logistique. Il ne suffit plus de penser à la réduction des émissions à l'intérieur entre les quatre murs d'une organisation - il est temps de commencer à réfléchir à un changement global vers une économie à faibles émissions de carbone.
La compréhension, la gestion et la réduction des émissions du scope 3 sont essentielles à toute stratégie "net zéro". Les équipes achats sont particulièrement bien placées pour apporter de la visibilité sur les émissions tout au long de la chaîne d'approvisionnement et pour aider à établir des flux de données critiques, indispensables à l'établissement de rapports et à la transparence. Voici pourquoi les achats ont un rôle crucial à jouer pour que les rêves de zéro émission deviennent réalité.
L'importance cruciale de l'évaluation Scope 3
Les émissions du scope 3 sont la source la plus importante d'émissions de GES, représentant entre 75 % et 90 % des émissions totales d'une organisation. Pour compliquer encore les choses, les émissions du scope 3 d'une organisation sont les émissions de type 1 et 2 d'une autre organisation. Le chemin vers le zéro net est donc loin d'être clair. Le développement de nouvelles technologies numériques est l'un des leviers à forte valeur ajoutée pour permettre d'accélérer dans le bon sens pour la planète.
La réputation et la valeur marchande des organisations étant en jeu, il est essentiel de concentrer les efforts sur la réduction des émissions.
Si la lutte contre les émissions du scope 3 est un élément essentiel de la lutte contre le changement climatique, il s'agit également d'une priorité pour les entreprises, qui sont confrontées à un ensemble complexe d'exigences légales et réglementaires en matière de déclaration et de divulgation des émissions du scope 3. La commission européenne lance d'ailleurs le premier jeu des normes européennes d'informations en matière de durabilité. Les premières entreprises devront appliquer les nouvelles règles pour la première fois au cours de l'exercice 2024, pour les rapports publiés en 2025.
Les marchés publics ont un rôle essentiel à jouer
La réduction des émissions du scope 3 peut sembler une tâche insurmontable. En effet, ces émissions échappent au contrôle direct d'une organisation, de sorte que leur contrôle et leur réduction constituent un défi.
Les achats sont idéalement placés pour "s'approprier" les émissions du scope 3 et mettre en avant leur valeur et leur stratégie. En tant que gardien des fournisseurs d'une organisation, les achats aident déjà les organisations à partager, rassembler et valider les données relatives aux fournisseurs et aux dépenses des fournisseurs de niveau 1 et parfois de niveau 2 et 3. Cette même approche peut être appliquée aux données sur les émissions.
Alors, comment les achats peuvent-ils optimiser leur position unique pour stimuler les initiatives de réduction émissions du scope 3 ?
Collecter des données fiables sur les émissions du scope 3 et établir une base de référence
Les données et les ambitions net zéro vont de pair. La réduction des émissions du scope 3 commence donc de manière transparente par la collecte de données sur les émissions. Cet effort de collecte et de validation nécessite des données provenant des fournisseurs (s'ils en disposent) et de sources tierces. Cet exercice de modélisation des données prendra en compte les catégories d'achat, les dépenses, et les facteurs d'émission de gaz à effet de serre (GES) pour estimer et finalement valider les données d'émissions. Il s'agit là d'un rôle important pour les responsables des achats et, éventuellement, des catégories de produits.
Cela permettra d'établir une base de référence des émissions, qui est nécessaire à des fins de reporting pour démontrer la manière dont vous réduisez les émissions. Lorsque ces données sont collectées à grande échelle, elles peuvent aider à établir des scores de risque environnemental, à communiquer des politiques, à améliorer la précision des progrès vers les objectifs de durabilité publiés.
Dans certaines industries, telles que celles de la construction ou des composants électroniques, où la régulation demande une approche plus méthodique, une collaboration étroite avec les fournisseurs permettra de mettre à profit des analyses plus fines basées sur le cycle de vie des produits afin d'obtenir des calculs d'émission plus fiables, voire certifiés, et directement attribuables aux transactions d'achat.
Identifier les possibilités de réduction
Lorsque ces données sur les émissions seront facilement accessibles tout au long du processus de paiement à la source, les services d'approvisionnement seront mieux à même d'identifier les fournisseurs qui ne s'alignent pas sur leurs objectifs de développement durable et de découvrir des possibilités de réduction des émissions. Cela nécessitera un effort de collaboration structuré avec les fournisseurs. Les estimations de base aident les entreprises à se concentrer sur les catégories et les produits à fortes émissions. Elles peuvent ensuite élaborer des plans d'action pour réduire les émissions dans les domaines les plus importants et collaborer avec les fournisseurs pour suivre et signaler les progrès avec précision.
Toutefois, une fois le plan achevé et si vous disposez désormais d'un produit à faible teneur en carbone, vous devez suivre les achats en fonction de ce plan afin de boucler la boucle et de montrer comment cela permet de réduire les émissions du scope 3.
Mettre fin au greenwashing du scope 3
Les équipes chargées des achats jouent un rôle crucial dans la réalisation de progrès significatifs dans la lutte contre le changement climatique, mais la course vers le net zéro ne pourra démarrer qu'avec des données précises et exploitables. Armées de données sur les émissions de l'ensemble de la supply chain, les équipes chargées des achats peuvent concevoir et mettre en oeuvre des stratégies de réduction des émissions qui sont transparentes, réalisables, opportunes et durables pour leur entreprise. Les organisations qui s'attaquent aux émissions du scope 3 en récolteront les fruits au-delà de la conformité réglementaire, en contribuant à la protection de l'environnement, à l'amélioration de la réputation de l'entreprise et à la fidélisation de ses clients et de ses salariés.