DossierRémunération des acheteurs: quels salaires ?
4 - Augmentation du variable dans la rémunération des acheteurs
La tendance est à l'individualisation de la rémunération des acheteurs. Ce qui a entraîné une application du variable aussi à la fonction achats. Une évolution qui connaît certaines limites...
Lorsque la politique salariale est individualisée, il faut alors s'appuyer sur des repères, des indicateurs qui correspondent à une réalité tangible. De plus en plus de pans des activités des entreprises sont aujourd'hui concernés par la mesure des performances et le secteur des achats n'échappe évidemment pas à la tendance. "Depuis quelques années, explique Fabrice Veyre, directeur exécutif achats et logistique chez Michael Page, l'individualisation de la rémunération des acheteurs a conduit à un fort développement de la part variable qui représente en moyenne entre 10 et 15 % du salaire global d'un acheteur. " Pour mémoire, l'étude de Crop & Co révélait l'an passé que près de 90 % des répondants touchaient une part variable de rémunération et que, pour 50 % d'entre eux, cette rémunération représentait une part supérieure à 10 %.
Cette tendance se confirme donc. La part variable est calculée le plus souvent à la fois sur la performance individuelle de l'acheteur, mais aussi sur la performance générale du service achats. " C'est un moyen pour l'entreprise de créer du lien au sein du service, de fédérer les équipes autour d'un objectif commun ", indique Fabrice Veyre (Michael Page).
Des cadres attentifs aux conditions de travail
Mais challenger les achats est un dispositif qui connaît ses limites. Ainsi, comme le révèle une analyse intitulée "Données salariales, rémunération et avantages sociaux" menée par Deloitte, les jeunes cadres sont en général moins réceptifs à la rémunération qu'aux conditions de travail offertes par l'entreprise. " On note des disparités générationnelles évidentes, explique Philippe Burger, directeur du département Rémunération chez Deloitte. Les cadres de la génération Y (de 31 ans et moins) prennent davantage en compte la culture d'entreprise, l'organisation et les conditions de travail qu'un simple phénomène de primes, ce qui n'est pas le cas chez les cadres de la génération X (32 à 47 ans) ou chez les baby-boomers. "
Toujours plus de mesures de performance...
C'est une évolution naturelle de l'entreprise. " Tous les services d'une entreprise sont aujourd'hui analysés. On en mesure la performance, l'efficacité. Le service achats n'échappe pas à cette tendance. C'est l'une des raisons pour lesquelles la part variable s'est peu à peu imposée, explique Philippe Burger, associé Deloitte, expert en rémunération et avantages sociaux. D'après les différentes études que nous avons menées, il apparaît cependant que ce système trouve ses limites. Les primes, les commissions ne sont pas forcément moteurs et elles peuvent être, si elles sont mal employées, un véritable outil de démotivation! "
Si la rémunération joue évidemment un rôle éminent dans l'accompagnement du développement de l'entreprise, " il faut savoir trouver le bon équilibre, ne pas fixer des objectifs impossibles à atteindre ou générer de la frustration au sein des équipes ".