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[Tribune] L'apport d'un collaborateur handicapé à un service achats

Publié par Dominique du Paty de Clam, fondatrice d'Handiréseau. le | Mis à jour le

Depuis la loi de 1987, les candidats en situation de handicap ont de meilleures opportunités d'être intégrés dans les entreprises. Nombre d'entre eux ont connu de belles progressions de carrière. Certains services achats ont pu apprécier leurs compétences et leur savoir-être.

Toute entreprise de plus de 20 salariés contribue à l'intégration de collaborateurs handicapés dans le système économique français.
Dans ce contexte, les mentalités et les opportunités de formation interne, destinées aux employés handicapés, ont bien évolué. La diversité des profils ainsi que les forces et faiblesses de chacun apportent des complémentarités inestimables à tout service achats.

Les bonnes raisons de l'intégration

Première règle à respecter pour réussir l'intégration du collaborateur : ne pas le recruter pour son handicap, mais bien pour ses compétences. Que d'échecs constatés lorsque le directeur achats a recruté dans le but de satisfaire aux obligations d'emploi handicap de son entreprise ! Échec pour le service, pour l'entreprise, mais également pour le collaborateur lui-même, fragilisé par cette mauvaise expérience. Quelle déception de ne pas être choisi pour ce que l'on vaut mais uniquement pour remplir un quota !
Un candidat doit être intégré pour ses compétences, son expérience et son savoir-être. Notre système français manque bien souvent de souplesse et les grilles de recrutement sont rarement adaptées aux situations de handicap.
" Les recruteurs appliquent des critères mal adaptés aux personnes en situation de handicap, regrette Christophe Audry, directeur général du cabinet de recrutement Palmer International. Je me souviens d'une jeune acheteuse, très compétente et très motivée, qui a vu maintes fois sa candidature rejetée. Sa situation l'avait fait changer d'entreprises à plusieurs reprises en peu de temps. Et elle était, à chaque entretien, considérée comme instable, alors que sa greffe de rein était la cause de ces changements involontaires. "

De la pression en interne et en externe

Les services achats subissent de fortes contraintes de la part des services internes mais aussi externes à l'entreprise. Les obligations juridiques et les règles à appliquer deviennent particulièrement complexes pour les services achats. Il faut aller vite, s'adapter aux nouvelles consignes et être capable de vivre des situations de stress parfois difficiles.
L'apport d'une vision différente peut compenser ces tiraillements internes et véhiculer d'incontestables valeurs humaines au sein d'un service achats tenu de répondre à des exigences mathématiques.
" J'ai dû batailler auprès de mon équipe pour que nous intégrions Pascal, qui était atteint de rétinopathie diabétique, confie le directeur achats d'un grand groupe. Je l'ai senti tellement passionné par son métier, prêt à apporter son expérience acquise dans les achats industriels, que j'ai été tout de suite convaincu que ce gars-là nous apporterait un paquet d'idées innovantes dans notre métier d'assureurs. Une décision que nous n'avons pas regrettée : Pascal est l'un de nos meilleurs acheteurs d'IT. "

Taux de chômage à plus de 23%

L'un des plus grands risques, pour un recruteur, est de présager de l'impact du handicap du candidat sur sa capacité à tenir le poste en se projetant personnellement dans une situation qui lui est étrangère. Il faudra, en outre, s'assurer, comme pour n'importe quel candidat, de sa capacité ­d'intégration. Attention, enfin, à ne pas surestimer les compétences recherchées pour le poste.
" Quand je me suis présentée à l'entretien de recrutement, confie Saïda, acheteuse, j'ai vu la tête ébahie du directeur achats qui n'avait pas été informé que je me déplaçais avec des béquilles ; j'ai compris qu'il me voyait comme un futur boulet. Avant que nous nous asseyions, je l'ai regardé et lui ai dit : " Vous savez, je ne pourrai pas battre vos collaborateurs au 100 m, mais je pense pouvoir leur apporter mon expérience des achats, réalisée depuis quinze ans dans la grande distribution. " Il a éclaté de rire. C'était gagné ! Il allait commencer à me voir comme une candidate et pas comme une catastrophe. "
La loi du 11 février 2005, dite "loi handicap", demande aux entreprises publiques et privées de plus de 20 salariés de recruter ou de maintenir dans leur emploi 6 % de travailleurs en possession d'une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (anciennement dénommée "Cotorep"). Bien que cette loi soit maintenant bien connue des entreprises, le taux de chômage parmi les personnes handicapées se montait à plus de 23 % ­fin 2013. Des progrès sont encore à faire.

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