L'ACA se penche sur le développement des compétences et l'évolution de carrière des acheteurs
Publié par Jérôme Pouponnot le | Mis à jour le
Centrée sur le thème du développement des compétences au regard des mutations actuelles observées au sein des entreprises, la 11e Conférence annuelle de l'ACA a fait le plein d'idées. Notamment sur une meilleure approche des formations et la faculté de poursuivre une carrière après les achats.
Intervenants et publics provenant d’entreprises prestigieuses (EADS, Safran, Areva, Saint-Gobain, etc.) avaient fait le déplacement chez HEC Paris pour cette 11e édition de l’ACA. Avec pour question centrale posée “Évolution ou révolution dans les métiers des achats et de la supply chain ?”. Les conférences ont permis des échanges et des débats animés et constructifs.
Des modules de formation personnalisés
Autour du thème, “Comment développer les compétences nouvelles attendues”, la première table ronde a permis notamment d’échanger sur les raisons qui ont incité les directions d’Areva et du groupe Safran à créer leur propres cursus de formations aux métiers des achats. Ainsi, pour Dominique Thibault (chargé du référentiel emploi et compétences achats du groupe Safran): “Pour les métiers achats, nous avions besoin de compétences en hard et soft skills que nous n’arrivions pas à trouver à l’extérieur”. Peu ou prou le même argument pour Pierrette Moreau (DRH population achat chez Areva): “L’objectif est de renforcer la professionnalisation du service achats avec un besoin important de customiser nos formations pour les adapter à nos spécificités. Les résultats sont concluants avec plus de 400 personnes formées issues de notre propre cursus”.
Il était intéressant également de comprendre sur quels types de formations ces entreprises mettaient particulièrement l’accent. Trois modules ont été retenus à la fois par Areva et le groupe Safran. Le premier module est consacré à l’ensemble du processus achat et est conclu par un projet mené par le candidat. Le deuxième module consiste à maîtriser l’approche des relations entretenues avec les fournisseurs ainsi que les techniques de négociations. Enfin, la dernière étape consiste à obtenir un “Master” de la fonction achat, grâce à la réalisation d’un mémoire en coopération avec une école de formation extérieure.
Comment gravir les échelons
La seconde table ronde consistait à déterminer dans quelle mesure les compétences des responsables achats peuvent être utilisées pour poursuivre une carrière, notamment en visant des postes de management général. Certains y arrivent… mais le chemin est parsemé d’embûches. Tous sont unanimes pour dire que les responsables des services achats disposent de sérieux atouts. Pour Laurence Laroche (manufacturing VP chez Saint-Gobain): “L’ouverture vers l’extérieur et notamment à l’internationale, la grande diversité des sujets abordés ou le management «par influence», sont d’indéniables qualités”. Du côté de Jean Michel Gendre (directeur de la formation EADS Astrium): “Les directeurs d’achats disposent d’une vision transversale de l’entreprise et sont en mesure de comprendre les différentes cultures internes”. Philippe de Jongh (p-dg de Beuralia) insiste quant à lui sur: “Les nombreux métiers en contact avec le directeur d’achat (notamment dans la finance ou le juridique) confèrent à celui-ci un rôle d’interface et lui permettent de développer de réelles compétences qui lui seront indispensables dans l'exercice d'une fonction de management général”.
Ces qualités ne semblent pour autant pas suffisantes pour espérer une carrière ascensionnelle vers des fonctions à plus hautes responsabilités. Comparée aux métiers du marketing/vente ou de la finance, la fonction achat reste un métier jeune, cette jeunesse est encore perçue comme un handicap aux yeux des managers. “L'accès à des postes de direction générale pour un décideur d'achat est facilité s’il arrive à prendre du recul, et s’il accède à des fonctions autres que son métier d’achat d'origine”, constate Jean-Michel Gendre. Pour le p-dg de Beuralia, l’ascension vers les sommets passe par des concessions encore plus grandes: “Il faut être prêt, le cas échéant, à changer d'entreprise si on souhaite sortir des métiers de la supply chain pour accéder à un poste de direction générale”, conclut Philippe de Jongh.