Les jours de la politique voyages classique sont-ils comptés ?
Publié par Mathieu Neu le - mis à jour à
Sous l'impulsion des jeunes générations de salariés, les offres technologiques innovantes bouleversent les politiques voyages. Ces dernières sont désormais menacées de disparaître si elles ne tiennent pas compte de cette nouvelle donne.
L'intelligence artificielle, machine learning, chatbots, réalité augmentée... Les nouvelles technologies et leurs promesses modifient d'ores et déjà en profondeur les pratiques en matière de voyages d'affaires. À tel point que les politiques voyages, mises à mal au gré de l'apparition des offres de voyages innovantes, se retrouvent menacées dans leur existence même.
Cédric Lefort, senior director solutions consulting au sein de l'agence de voyage d'affaires BDC Travel, estime qu'il s'agit là "d'une notion qui s'apprête à fortement évoluer. La politique voyage va laisser place à la politique voyageurs. On ne se focalisera plus nécessairement sur une politique commune à tous, mais sur des offres adaptées aux profils de chaque type de collaborateurs, en conformité avec leurs besoins, leurs missions." Sur ce sujet, le rapport "Emerging technology and travel management : Policy" , publié en 2018 par l'agence, souligne la nécessité "d'implémenter les nouvelles technologies et de remplacer le modèle actuel de la politique voyage, à la fois statique et prédéfini, par un moteur de gestion du comportement véritablement dynamique, intuitif et personnalisé."
L'innovation technologique, source de meilleurs choix
Le "machine learning" est décrit comme la pierre angulaire des politiques de voyages intelligentes de demain. En matière de sourcing, il permet l'envoi de messages aux voyageurs les incitant à privilégier un hôtel donné pour des raisons qui les intéresseront directement : il peut par exemple s'agir d'un établissement proposant une salle de fitness, si le collaborateur est sportif, ou d'une suggestion pertinente qui s'explique par la proximité d'une ligne de métro. Le principe est de se tourner vers les souhaits du voyageur, tout en conservant une conformité avec les règles à respecter. "Le machine learning permet par ailleurs de vérifier si le voyage envisagé est réellement nécessaire, en fonction des motifs qui le justifient initialement. Le système déployé est alors en mesure de suggérer des communications à distance et de chercher automatiquement des salles disponibles pour des visioconférences à la date concernée", illustre Cédric Lefort. Il est aussi possible de recevoir un message sur son appareil mobile indiquant, dès l'arrivée à son hôtel, que le Wi-Fi et le petit-déjeûner sont compris dans son tarif. Au-delà de la facilité et de la clarté qui sont appréciables, cet atout est un élément de réduction du stress.
Cédric Lefort confie que les jeunes générations "jouent un rôle d'accélérateur dans l'adoption de ce virage technologique, car ils sont très enclins à mettre à disposition leurs données personnelles relatives aux goûts, aux loisirs, afin de les croiser avec les données professionnelles. Potentiellement, c'est très intéressant en termes de personnalisation des prestations offertes au collaborateur, de réponse sur mesure. Mais c'est très complexe en termes de gestion des contraintes RGPD. Les entreprises restent de ce fait encore réticentes à franchir ce cap."
On ne se focalisera plus nécessairement sur une politique commune à tous, mais sur des offres adaptées - Cédric Lefort, senior director solutions consulting au sein de l'agence de voyage d'affaires BDC Travel