[Tribune] "Pour plus de 70% des décideurs achats, les relations avec la direction juridique ne sont pas optimales"
Publié par Me Franklin Brousse, Cabinet +Avocats le - mis à jour à
Kurt Salmon, en partenariat avec le Cabinet + Avocats, a sondé une centaine de décideurs achats, principalement issus de grands groupes français. Leurs réponses dressent un état des lieux critique des relations entre direction achats et direction juridiques. Décryptage et pistes d'optimisation...
Les relations entre acheteurs et juristes restent un sujet sensible... En effet, entre la rigidité des modèles de contrats et le manque de disponibilité des juristes, les acheteurs peinent à trouver leur place et à construire une relation efficace. Kurt Salmon, en partenariat avec le cabinet +Avocats, a sondé une centaine de décideurs achats, principalement issus de grands groupes français. Leurs réponses dressent un état des lieux critique des relations entre direction achats et direction juridiques.
Outils, environnement et disponibilités : trois facteurs limitants des relations acheteurs/juristes
Plus de 70% des décideurs achats s'accordent à dire que leur relation avec la direction juridique n'est pas optimale. Trois raisons principales sont citées :
- Tout d'abord, la collaboration avec les juristes est rendue difficile par leur manque de disponibilités et intervient de facto trop tard dans le processus d'achat.
- Par ailleurs, la moitié des décideurs achats considère que les priorités des deux directions divergent et qualifient la fonction juridique "éloignée du business".
- Enfin, pour un tiers des directions achats, l'absence ou l'inadéquation des outils (contrathèque, gestion des contrats types, etc.) à disposition des acheteurs et des juristes constituent un frein à leur bonne collaboration.
Des contrats types mal adaptés à la relation donneur d'ordre/fournisseur
Plus d'un tiers des directeurs achats considère que les modèles de contrats proposés par les juristes ne sont pas adaptés à leurs pratiques en matière d'achats et de négociation.
La principale raison évoquée est la lourdeur juridique ainsi que le manque de flexibilité des contrats types qui sont déconnectés de la réalité économique et peuvent être des freins à la relation fournisseur. Par exemple, les juristes ont tendance à faire reposer la totalité des responsabilités sur les fournisseurs limitant ainsi les possibilités d'une relation saine avec les fournisseurs.
Des organisations en difficulté pour gérer les risques RSE, pénaux et les litiges fournisseurs
Les problèmes de relation entre les deux directions peuvent impliquer d'importants risques pour les organisations. En tête de ces derniers, les problématiques RSE. En effet, 54% des sondés considèrent que leur organisation n'est pas apte à gérer correctement les risques sociaux, environnementaux, et sociétaux.
Viennent ensuite les risques pénaux sur lesquels près d'un tiers des décideurs achats ne se sentent pas correctement couverts. Les litiges fournisseurs représentent un réel risque financier. Dans plus de 10% des cas ces derniers ont coûté plus d'un demi-million d'euros sur les 36 derniers mois. Aussi, 20% des décideurs achats déclarent ne pas mesurer l'impact financier des litiges fournisseurs.
Autre enjeu de taille, plus de 70% des directions achats déclarent ne jamais avoir évalué l'impact de l'absence ou du défaut de gestion de leurs contrats (négociation, suivi exécution, vie des contrats). Pourtant, sur les 30% restant, certains estiment que les impacts financiers ont pu dépasser les 10 millions d'euros par an.