[Tribune] Travel managers... vous n'êtes pas des voleurs !
Publié par Christophe Drezet du cabinet Epsa le - mis à jour à
La déontologie, l'éthique dans les achats et globalement dans les affaires sont des piliers essentiels de la culture et de la conduite des entreprises de nos jours.
Les entreprises sont convaincues que confiance et intégrité sont les maîtres mots pour une innovation ainsi qu'une une croissance durables, et que l'établissement de relations de confiance à long terme avec ses fournisseurs repose sur la défiance... quitte à réduire celle-ci au strict minimum. Mais jusqu'à une époque pas si lointaine, ce code éthique était avant tout oral, sans contrainte particulière et sans véritable moyen de contrôle. Les "petits cadeaux" étaient légion, comme les invitations en tous genres, pouvant, il est vrai, à la marge, fausser ou biaiser les relations commerciales entre l'acheteur et le fournisseur.
Ce n'est qu'au début des années 2000, et l'arrivée à maturité du métier d'acheteur, que des comités d'éthique ont été créés et que les entreprises ont rédigé des politiques anticorruption. Elles ont tout naturellement demandé à leurs salariés de les signer, en se dotant d'organes de contrôle. Il faut bien l'avouer, les résultats sont au rendez-vous et nous avons connu sur les dix dernières années une forme de normalisation des pratiques, aussi bien dans le public et le privé. C'est une très bonne chose. Mais aujourd'hui, une question se pose : ne sommes-nous pas allés trop loin ?
En effet, il est parfois compliqué de rendre compatible le comportement et les pratiques éthiques avec la réalité économique (et la réalité tout simplement) : depuis la nuit des temps, l'Homme commerce en rencontrant d'autres Hommes, en nouant des relations étroites basées sur la confiance. Il n'y a pas si longtemps, une simple poignée de mains avait la même valeur qu'un contrat. C'est encore plus vrai dans l'univers des services auquel le voyage d'affaires appartient.
Tester pour mieux acheter
Prenons un exemple concret. Peut-on imaginer un acheteur dans l'industrie automobile ne pas aller visiter les usines de production de fournisseurs engagés dans un appel d'offres afin de vérifier leurs process, leur organisation ou encore le respect des règles qui interdisent le travail des enfants ? Idem en cours de marché en cas d'insatisfaction ou de non-conformité ? Cet exemple peut être décliné à l'infini : dans l'agroalimentaire pour s'assurer de la qualité des fruits des producteurs avant d'en acheter des tonnes pour fabriquer des yaourts... La réponse est claire : c'est impensable, ce serait même une faute professionnelle.
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