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Les DEEE ont droit à une seconde vie !

Publié par Fanny Perrin d'Arloz le - mis à jour à

La direction interarmées des réseaux d'infrastructures et des systèmes d'information de la défense s'appuie sur une gestion des déchets électriques et électroniques innovante et durable, en favorisant la création d'emplois dans le secteur protégé tout en dégageant des gains financiers.

Chaque année, la direction interarmées des réseaux d'infrastructures et des systèmes d'information de la défense (DIRISI) contractualise pour près de 700 millions d'euros de marchés dans l'informatique et la télécommunication afin de servir le ministère des Armées. Forte de son expérience et de la chaîne logistique mise en place, elle a décidé, à compter de fin 2017, de mettre l'accent sur la valorisation des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) afin d'allonger le cycle de vie desdits produits. Jusqu'alors, leur gestion et leur collecte faisait l'objet d'une convention unique, conclue à titre gratuit avec l'éco-organisme Ecologic agréé pour le recyclage. "Les matières premières se voyaient valorisées, mais les autres composants étaient par ailleurs détruits", explique Ghislaine Demette, chargée de l'élaboration de la stratégie d'achats des DEEE au sein de la DIRISI.

Pour performer l'existant, la cession et le réemploi de certains matériels électriques et électroniques est actée en septembre 2018. Elle concerne les postes de travail informatiques (unités centrales et ordinateurs portables), remplacés d'accoutumée tous les cinq ans ; la majorité des autres appareils électriques et électroniques accusant une trop rapide obsolescence. "La volumétrie des postes informatiques pouvant être réutilisés est estimée à près de 32 000 unités par an, ce qui représente un volume d'environ 320 tonnes. Surtout, les entreprises adaptées ont une expertise mature dans ce domaine", commente Ghislaine Demette. En pratique, cela donne lieu à la création de deux supports contractuels distincts élaborés par le bureau marchés du Centre national de soutien opérationnel (CNSO) d'Orléans : l'un visant à assurer la collecte, le tri, la traçabilité et l'audit précédant la cession des unités centrales et portables du ministère des Armées, le second portant sur la gestion et les traitements des autres DEEE. "Cette solution d'informatique durable est inédite dans la fonction publique, se réjouit Ghislaine Demette. Elle a pu se concrétiser en partie grâce à notre organisation logistique. Nous espérons que d'autres ministères nous emboîtent le pas et participent à créer des emplois dans le secteur protégé."

Assurément gagnant

Cette stratégie vise à limiter la consommation de ressources naturelles et des énergies nécessaires à la fabrication de nouveaux appareils. Dans un même temps, "elle offre l'opportunité au ministère d'offrir une seconde vie à certains équipements, mais aussi de dégager des gains estimés à 2,1 millions d'euros sur 4 ans", estime Ghislaine Demette. Au préalable, un sourcing a été mené auprès des trois principaux acteurs du secteur du réemploi. In fine, le marché public pour la valorisation et le réemploi du matériel informatique a été confié à l'entreprise du secteur adapté Ecodair ; Ecologic étant retenu pour continuer d'assurer la gestion et le recyclage des autres DEEE. Le marché public a été notifié fin novembre 2019, la convention a été conclue en mai 2019. La réutilisation des équipements informatiques, conclue sur quatre ans, devrait notamment permettre au ministère des Armées de réduire ses DEEE d'environ 25 %. La prochaine étape ? Peut-être étendre le périmètre de cession. Ou plus largement, "évaluer comment opérer des achats vertueux dès l'acquisition, en incitant par exemple les prestataires à anticiper et prévoir la fin de vie de leur matériel", conclut Ghislaine Demette.