Diversifier ses fournisseurs,un élément-clé de l'achat responsable
Publié par Marie-Amélie Fenoll le
Varier son panel de fournisseurs est le gage d'une politique d'achats responsable. Éviter la massification des achats et renouer le dialogue avec les fournisseurs sont indispensables.
Jean-Claude Volot, médiateur des relations interentreprises industrielles et de la sous-traitance met en garde l'assemblée d'acheteurs réunis à l'occasion de la 4e rencontre du Club Achats Responsables issus du MBA spécialisé ingénierie et management des achats (IMA) : « Le taux de dépendance entre fournisseurs et acheteurs peut s’avérer mortel. Si vous rendez vos fournisseurs dépendants, le jour où vous irez mal, vous les tuez ».
Prendre garde à la massification des achats
Aujourd’hui, la rationalité économique tend vers une massification des achats. Amortir les coûts fixes des fournisseurs, simplifier les procédures achats tout en diminuant les tâches administratives, sont les arguments indéniables d’une politique de massification des achats. Le côté négatif d’une telle démarche est un lien de dépendance accru avec les fournisseurs qui peut engendrer à terme un certain risque inflationnel. De même, ne pas diversifier son panel de fournisseurs revient à brider l’innovation. Ainsi, pour Clarisse Reille, directeur général adjoint à la médiation de l’industrie, « Cost killer = innovation killer ». De son côté, Jean-Claude Volot (médiateur) l’affirme haut et fort : « Ce terme de cost killer est abominable », avant de plaider pour un dialogue plus constructif entre les acteurs.
Renouer le dialogue
Renouer le dialogue est le premier pas vers une meilleure relation entre donneurs d’ordres et sous-traitants. « Il faut réhumaniser les relations entre les acheteurs et les fournisseurs. Aujourd’hui, ce dialogue est trop souvent basé sur la peur », souligne le médiateur. Parallèlement, responsabiliser davantage le leader d’une filière, qui est directement en contact avec le consommateur est nécessaire selon lui. De même, éviter qu’en période de crise économique, les acheteurs sacrifient leurs fournisseurs et, qu’inversement, dans un contexte économique plus prospère, ces mêmes fournisseurs soient obligés de produire davantage est un autre des points sur lequel il convient de se montrer très prudent. Ainsi, « Il faut en finir avec ce phénomène contracyclique pervers », conclut Jean-Claude Volot.
Afin de réduire cette dépendance aux donneurs d'ordres, les fournisseurs doivent mettre en place des actions collectives. Renforcer le rôle des PME en approfondissant leurs relations avec les donneurs d’ordres, tel est le défi que s’est lancé l’Association Pacte PME, créée le 22 juin dernier.
Renforcer le rôle des PME ou créer un « small business act »
Cette association Pacte PME base son action sur l’ouverture, le renforcement mais également le suivi de ces petites entreprises. Le premier axe de réflexion est celui d'une meilleure connaissance du monde des PME par les acheteurs. L’association s’engage ainsi à identifier les PME les plus compétitives sur des thématiques bien précises afin d’anticiper au mieux les demandes des acheteurs. « Mettre en contact les différents acteurs du marché avant l’expression du besoin, c’est cela l’innovation », explique Emmanuel Leprince, fondateur et délégué général du Comité Richelieu et directeur du programme PME. Plus de 200 opérations de sélections des PME ont ainsi été menées en 4 ans précédemment par le Pacte PME*, pour déboucher sur près de 750 contrats. Des opérations pilotes sont actuellement menées sur des stages découvertes pour les acheteurs au sein des PME. Enfin, un système de parrainage des grands comptes référents de l’association vis-à-vis des PME est ainsi mis en place.
* Aujourd’hui baptisé Association Pacte PME, anciennement Pacte PME, il a été mené pendant quatre ans par le Comité Richelieu, avec le support financier de l’association Oseo.