Achats responsables: pourquoi les valoriser?
Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
Promouvoir les achats responsables c'est bien, mais mettre en place une politique d'évaluation de ces derniers c'est mieux. Quels sont les outils et les organismes pour valoriser la démarche? Réponses lors d'une conférence organisée par Audencia Alumni & le groupe métiers achats des Centraliens.
"Le rôle des achats est de rendre compte des risques dès que l'on fait rentrer de la ressource extérieure au sein de l'entreprise", explique Nathalie Paillon chargée de mission au sein de l'ObsAR. En d'autres termes, il en va de la responsabilité de l'acheteur de prendre en compte les risques apportés par les fournisseurs. Ainsi, pour Nathalie Paillon, "la RSE n'est pas un plus, c'est une partie de l'évaluation fournisseurs".
"Les achats responsables pour les nuls". Quels sont les outils et les organismes pour valoriser ce type de démarche? C'est en substance la thématique de la conférence : "les achats responsables et leur valorisation organisée" par les clubs achats supply chain et développement durable Audencia Alumni & le groupe métiers achats des Centraliens le 6 octobre dernier. Avec à la clé des témoignages d'EcoVadis, de l'Observatoire des achats responsables (ObsAR) et d'acheteurs.
Des évaluations fournisseurs
Promouvoir les achats responsables c'est bien mais mettre en place une politique d'évaluation de ces derniers c'est mieux. C'est notamment le rôle de l'organisme EcoVadis et sa plate-forme d'évaluation fournisseurs. EcoVadis réalise entre 12 000 à 14 000 évaluations par an dont celles de grands groupes comme Lafarge, Air France KLM, Orange, SFR ou Bouygues. Les évaluations d'EcoVadis sont réalisées sur 180 secteurs dans 190 pays. Une fiche RSE qui est abordable dès 480 euros. Elles peuvent concerner les fournisseurs à la demande des donneurs d'ordre, voir les fournisseurs des fournisseurs pour un audit complet de la supply chain. Concrètement, un questionnaire adapté est envoyé à chaque partie évaluée avec 20 à 90 questions. Une note est alors attribuée et une certification - valable 1 an - est délivrée. Seul hic : la notation est réalisée uniquement à partir de documents avec une "base de données 360" (ministères, instances, presse spécialisée, etc), précise Delphine Durand, senior analyst RSE chez EcoVadis. Auditer sur place des milliers de fournisseurs relève de l'impossible! Et cela durerait des années.
La notation assez sévère pour "mettre en évidence des axes d'amélioration", précise Delphine Durand d'EcoVadis. Des sujets assez récents ont émergé comme "la corruption en France". Un sujet pris à bras le corps depuis peu de temps, selon la senior analyst RSE chez EcoVadis. De même, les SSII qui ne percevaient pas forcément l'intérêt pour leur métier de recourir à une politique RSE et ne se sentaient pas concernés, "ont pris le sujet en main depuis 5 ans et s'attaquent à des sujets comme l'ergonomie au travail, la discrimination vis-à-vis des femmes ou encore l'impact écologique de leurs data centers", insiste Delphine Durand. En moyenne, tous secteurs confondus, la note est de 42/100. Et "seulement 1 à 2% ont une note supérieure à 65". Des disparités déja mises en évidence par la médiation inter-entreprise et EcoVadis dans une étude conjointe sur la performance RSE des entreprises françaises avec celle des pays de l'OCDE et des Brics.
"Au final, cette fiche RSE devient un des facteurs du dialogue dans l'entreprise", souligne l'analyste d'EcoVadis. "Elle peut même être le point de départ d'une véritable politique RSE". L'organisme propose depuis peu un debriefing sur les points et les axes d'amélioration d'une telle démarche. "Mais nous ne sommes pas dans le conseil comme d'autres organismes. Nous nous contentons de dresser des axes de réflexion. Nous ne sommes pas en même temps le médecin et le pharmacien". [NDLR : comme AFNOR ou Bureau Veritas] D'ailleurs, EcoVadis travaille depuis cette année avec un réseau de consultants agrées pour apporter des conseils RSE.