Achat de prestations intellectuelles : pensez aux freelances
Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
Comment bien aborder les freelances, ces fournisseurs d'un nouveau genre? Un atelier sur l'achat de prestations intellectuelles a été organisé à l'occasion des Universités des achats du CNA. Pistes de réflexion:
Le freelancing a le vent en poupe : d'après une étude d'Adequancy (octobre 2019), les indépendants représenteraient aujourd'hui 16% de la population active française ; une proportion qui devrait atteindre les 30% en 2025. Dans certains domaines, le recours aux freelances devient même incontournable, comme dans le secteur IT, par exemple, où la pénurie de talents oblige les entreprises à se tourner vers les indépendants. Les achats vont donc devoir de plus en plus compter avec les freelances : pour les aider, un atelier consacré au sujet s'est tenu à l'occasion des Universités des achats du CNA le 7 décembre dernier.
Cadrer les process
L'atelier accueillait Guillaume Duny, directeur du pôle achat "Retail Banking" du groupe Crédit Agricole, qui a apporté son témoignage en la matière : "Nous avions du mal à sourcer certains profils, ce qui a amené les clients internes à prendre des initiatives à droite et à gauche. Nous avons donc rapidement recadré en qualifiant le mode de fonctionnement, les process et les acteurs avec lesquels travailler, a-t-il rapporté. Cela nous a permis d'être vu en interne comme des apporteurs de solutions".
Emmanuel Dalery-Escutenaire, directeur associé du département performance de Grant Thornton France a acquiescé : "Les achats doivent ajuster leur façon de faire, être plus proches des métiers, afin de ne pas intervenir sur ces sujets en mode pompier". Il a invité à mener des phases pilotes, avec deux/trois acteurs, afin d'initier le changement doucement.
Passer par des plateformes
Le groupe Crédit Agricole a fait le choix de passer par des plateformes comme Malt pour travailler en direct avec les freelances. "Les profils IT, pénuriques, sont payés très chers en passant par certains cabinets. Il est donc plus intéressant de contracter directement avec les indépendants via des plateformes", a témoigné Guillaume Duny, soulignant que le recours aux cabinets peut faire perdre la maîtrise de la sous-traitance.
Emmanuel Dalery-Escutenaire a ajouté qu'il est possible de contractualiser directement avec les freelances mais que cela apporte des complications administratives (suivi des contrats, production de documents, etc) et induit des risques. "Les marketplaces permettent de simplifier la gestion et offrent également une triangulation de la relation qui évite des problèmes de requalification", a-t-il noté.
Comprendre le marché
Mais ces plateformes ne remplacent en aucun cas le rôle des acheteurs, qui sera toujours important. "L'acheteur va moins construire de panels fournisseurs mais va davantage être dans un rôle de vigie, à faire de la veille, à s'assurer que tout est propre, notamment au niveau des contrats", s'est projeté Guillaume Duny. Il s'est attardé sur la nécessaire évolution des contrats lorsqu'il s'agit de freelances, qu'il faut réussir à rendre moins complexes.
L'acheteur doit aussi comprendre le marché des acteurs qui gravitent autour du freelancing. Emmanuel Dalery-Escutenaire a par exemple mis en garde contre le acteurs qui font tout en un : mise en relation, portage salarial, etc. "Il faut prendre le temps de s'adapter à ce marché mais il faut y aller", a conclu Guillaume Duny.