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Le secteur de la propreté affiche une croissance quasi-nulle

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à

Le secteur de la propreté est touché de plein fouet par la crise, un an après l'économie mondiale. Un constat morose dressé par la Fédération des entreprises de propreté et services associés (FEP).

« L’année 2010 affiche une croissance quasi-plate, soit une baisse des effectifs de 1,1 % et du chiffre d’affaires de 1 %. Une situation que la profession n’a pas connu depuis 10 ans », explique avec un certain pessimisme Bertrand Castagné, président de la commission sociale de la Fédération des entreprises de propreté et services associés (FEP), le jeudi 13 octobre lors de la conférence de presse économique et sociale du secteur de la Propreté au Palais Brongniart.

La crise touche de plein fouet le secteur de la propreté avec une année de décalage par rapport à l’économie mondiale.  Ainsi, si les effectifs salariés décroissent dès 2008 pour l’ensemble de l’économie française, le secteur de la propreté n’assume cette baisse qu’en 2009. Le constat est sans appel : près de 2 % des entreprises de propreté ont disparu en 2009, alors que juste avant la crise, il y a eu une augmentation de 16 % de sociétés dans le secteur entre 2007 et 2008.

Des chiffres inquiétants car en 7 ans, le secteur de la propreté a créé 100 000 emplois non‐délocalisables, et près de 80% de CDI. Une croissance positive depuis 1995, dont la tendance est aujourd'hui en train de s'inverser. . 

Outre la crise, la profession pointe sévèrement du doigt le poids de la fiscalité mais également la suppression de la loi Fillon. Ainsi, grâce à la réduction Fillon, le secteur de la propreté a réussi à maintenir plusieurs dizaines de milliers d’emplois, soit près de 15 % de la masse salariale totale. Des allègements de charges jugés « comme un dispositif incitatif à l’emploi qui a sécurisé le travail de milliers de salariés », précise le communiqué de la FEP. En cas de suppression de la loi Fillon, le secteur table sur une perte d’emplois pour plus de 60 000 salariés.

De plus, le nouveau projet de loi de financement de la sécurité sociale (PFLSS) 2012 prévoit plusieurs mesures dont celles de la réintégration des heures supplémentaires et complémentaires dans le calcul des allègements généraux des salaires compris entre 1 et 1,6 SMIC. Cette mesure est dénoncée par la Fédération comme « contre productive sur le plan économique et destructrice d’emplois ».

Philippe Jouanny, directeur à la FEP d’Ile-de-France déplore : « Mes salariés travaillent près de 40 000 heures par mois. Si on prend en compte les arrêts maladies, congés, etc, … il reste une moyenne de 3000 heures par mois à redistribuer entre 60 salariés sur les 400 de l’entreprise. Si la loi Fillon sur les heures supplémentaires est supprimée, je devrai embaucher près de 38 CDD par mois. Cela aurait des conséquences néfastes. Les salariés en CDI auront moins de chance d’évoluer en interne et la qualité du travail serait également impactée. Sans compter le fait que multiplier les CDD ne ferait que créer de la précarité ».

Un autre chantier de la FEP est celui du travail en journée. De grandes entreprises privées et des organismes du service public ont testé le travail en journée avec un certain succès. Ainsi, les Mairies de Paris, de Nantes et de Rennes tout comme Danone, EDF, Bouygues ou L’Oréal font désormais travailler des salariés de la propreté en même temps que leurs propres collaborateurs. « Le secteur public devrait montrer davantage l’exemple », déplore Laurence Arcebo, présidente du comité national développement durable à la FEP. Pour la Fédération, si le travail en journée participe à une meilleure reconnaissance sociale du salarié d’une entreprise de propreté, de son côté l’entreprise économiserait jusqu’à 18 % d’électricité chaque année.