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Réforme du marché du gaz : de nombreuses inquiétudes

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à

Si la réforme du stockage du gaz et l'arrivée d'une place de marché unique (PEG) pour fusionner les zones nord et sud devraient assainir le marché fournisseurs, elles suscitent de nombreuses inquiétudes chez les acheteurs. Explications à l'occasion du salon Gazelec.


Comment vont évoluer les prix du gaz ? Comment anticiper sur sa facture les conséquences de la réforme du stockage du gaz décidée par le gouvernement ? Autant de questions soulevées par les acheteurs à l'occasion d'une table ronde sur la réforme du marché du gaz organisée mi-octobre dans le cadre du salon Gazelec. Pour rappel: afin d'assurer la sécurité d'approvisionnement en gaz dans l'Hexagone, les fournisseurs déterminent eux-mêmes le niveau de stock de gaz à acquérir pour couvrir les besoins de leurs clients pour l'année. Un mécanisme autrefois imposé par le gouvernement via un système d'obligation de stockage. Et désormais, la commercialisation de ces capacités de stockage pour les fournisseurs se fait lors d'enchères annuelles organisées par Storengy et Terega, les deux acteurs du stockage en France. Ce qui entraîne une plus forte volatilité des coûts. "On voyait cette réforme d'un bon oeil car sur nos derniers appels d'offres, on était amené à choisir les fournisseurs "les plus malins". Avec ce nouveau dispositif on attendait une plus saine concurrence sur le marché fournisseurs mais malheureusement cela s'est traduit par une explosion des coûts (stockage, fiscalité, transport)", explique Jacques-Alexis Szpicak, Energy strategic purchasing manager chez Arkema. "L'énergie est un poste de coût important. C'est donc un vrai point de vigilance pour la compétitivité de nos sites industriels".

Double facturation

Cette réforme du stockage semble mal vécue par les différents acteurs, autant fournisseurs qu'acheteurs. "Quel est le service associé à ce coût? Est-ce que les coûts de stockage sont justes?", s'interroge Jacques-Alexis Szpicak chez Arkema. Car dans les faits, les prix du gaz s'envolent. Bien qu'au sein de l'alliance Nissan-Renault-Mitsubishi, les achats d'énergie monde représentent 300 millions d'euros d'achats, soit très peu au regard des achats de matières premières qui se chiffrent en "milliards d'euros", "Le coût n'est pas adapté car si on revient un an en arrière avec des coûts régulés, on avait des coûts de stockage de 2 à 3 euros maximum par megawatt-heure (MWh) mais aujourd'hui sur certains sites, nous avons 5 à 6 euros de coût de stockage", s'étonne Jean-Pierre Maissant, regional supplier performance manager energie chez APO Renault Nissan Mitsubishi.

Outre l'explosion des prix du gaz, le sujet de la double facturation fait débat. En effet, les acheteurs estiment avoir payé le stockage de gaz deux fois, soit fin 2017 suivant l'ancien dispositif et une seconde fois suite à la réforme du 1er avril 2018. Et pour les acheteurs présents dans la salle, "assez peu de fournisseurs ont remboursé ce écart de double facturation". Réponse des fournisseurs: cela dépend des clauses contractuelles et de la prise en compte ou non de la réforme dans celui-ci. "Contractuellement, certains client avaient fait le choix d'être facturés en euros megawatt-heures pour leurs coûts de stockage et d'autres en euros par mois, soit un étalement des coûts engagés par le fournisseur".

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