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Pour des politiques d'achat vraiment responsables en matière de prestations paysagères

Publié par Par Catherine Muller, Présidente de l'Unep - les entreprises du paysage - le | Mis à jour le

Le regard des acheteurs sur les espaces verts et les prestations paysagères doit changer. Que l'on parle de collectivités ou d'entreprises, le végétal doit être considéré comme un investissement sur le long terme.

Les mesures visant à inciter les entreprises et les collectivités à prendre en compte d'autres critères que le prix dans leurs commandes, sont souvent décriées par les acheteurs. Ces derniers y voient des contraintes injustifiées ou, au mieux, des clauses "alibi". Pourtant les mentalités évoluent et certains labels ou marques de qualité ont fait leur chemin : FSC et PEFC, pour le papier issu des forêts responsables ; BBC pour les bâtiments basse consommation ; on pourrait multiplier les exemples à l'envi, selon les secteurs et l'objet du marché. Pourquoi les prestations paysagères seraient-elles exclues de ce processus vertueux, alors qu'elles représentent, par leur nature-même, une source de valorisation de l'environnement et de la santé pour l'organisation cliente ?

Depuis le Grenelle de l'environnement, les collectivités peuvent fixer des objectifs à atteindre en matière de maintien ou de création d'espaces verts, dans le cadre de futurs projets de développement urbain. Un levier simple et efficace pour améliorer à la fois l'environnement, la santé des citoyens, le lien social et l'attractivité des territoires concernés. Pourtant, dans les faits, l'investissement en faveur du végétal et des espaces verts ne représente en moyenne qu'1,2 % du budget des grandes villes françaises. Pire encore, on constate, sur les marchés publics, que les maîtres d'ouvrages choisissent majoritairement sur le seul critère du prix, au détriment de la durabilité de l'ouvrage, la nature des matériaux et végétaux employés, le savoir-faire des équipes, la qualité du conseil... Les démarches de qualification (Qualipaysage) et de certification (Qualicert) sont trop souvent négligées. Sans parler de l'engagement RSE, qui bien souvent n'apparaît même pas dans le cahier des charges !

Cette spirale des prix anormalement bas est fortement préjudiciable : aux projets menés, moins pérennes puisque moins qualitatifs ; aux générations futures qui vont pâtir de ces mauvais investissements, et aux professionnels du paysage les plus engagés, qui font du développement durable et de la responsabilité sociale une priorité.

L'environnement, c'est aussi de la RSE

En attendant une modification du code des marchés publics imposant la prise en compte systématique du critère RSE, rien n'empêche les acheteurs publics de devancer le législateur.

A titre d'exemple, la récente entrée en vigueur du "partenariat innovation" permet à ces derniers de contractualiser sur le long terme avec les entreprises particulièrement innovantes, en partageant les risques. Pourquoi ne pas saisir cette opportunité pour renforcer les critères d'engagement attendus de la part de ces dernières, en matière d'innovation sociale et environnementale ?

Nombre d'acheteurs considèrent la RSE comme un mot galvaudé. Et les rares qui en tiennent compte mettent l'accent exclusivement sur le volet social, avec notamment la question du respect de clauses liées à l'insertion, au handicap ou à la diversité dans les effectifs des fournisseurs. Or, s'il est aisé de "cocher la case" RSE en se contentant de l'insertion temporaire, jouer le jeu sur tous les aspects sociétaux est bien plus complexe. A l'opposé, les entreprises qui embauchent des apprentis et qui insèrent durablement les personnes handicapées ou défavorisées dans l'emploi, se retrouvent lésées. L'évaluation Afaq 26 000, promue par l'Unep auprès de ses adhérents, est un gage important pour éviter ce type de pratiques.

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