Les achats professionnels équitables en tête de gondole
Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
Selon une étude commanditée par la PFCE, les achats responsables des entreprises, des administrations publiques et des collectivités territoriales disposent d'un fort potentiel de croissance. Au point d'en faire profiter durablement les produits du commerce équitable.
Qu'on se le dise, les produits du commerce équitable ont de l'avenir ! Tel pourrait être le principal enseignement de l'étude menée par BuyYourWay et Relations d'Utilité Publique, pour le compte de la PFCE (Plate Forme pour le Commerce Equitable). Organisation qui avait déjà mené plusieurs études en 2008 et 2010 sur les achats équitables des grandes entreprises et les prescripteurs. L'objectif ? Tirer un bilan sur les freins et les opportunités des achats professionnels équitables. Un bilan plutôt satisfaisant même si de nombreux acheteurs n'ont pas encore identifié les achats du commerce équitable à leur juste valeur. " Ce secteur reste en croissance grâce aux achats professionnels (publics et privés). Le potentiel est présent et la dynamique est bonne puisque 35% de la consommation de produits issus du commerce équitable se fait déjà hors domicile (usage professionnel) ", précise Gaëlle Giffard, Chef de projet Territoires de commerce équitable.
Commerce équitable et achat responsable : même combat
Pour rappel, acheter responsable, c'est faire le choix de produits et de services répondant aux besoins du donneur d'ordre en y intégrant les impacts environnementaux et sanitaires tout au long du cycle de vie. Mais également, vérifier que les fournisseurs respectent les standards sociaux et environnementaux, tout en essayant d'équilibrer les relations entre acheteurs et fournisseurs. Or, le commerce équitable rassemble toutes ces vertus. Par ailleurs, de multiples dimensions positives sont accolées aux achats responsables, et les achats "made in France" deviennent une préoccupation forte des pouvoirs publics, des médias, des acteurs économiques et des citoyens-consommateurs. Toute la problématique consiste donc à définir la façon dont le commerce équitable peut être partie intégrante de ce nouveau contexte de consommation, sans pâtir d'arbitrages budgétaires entre des produits biologiques, locaux ou issus du commerce équitable.
L'étude révèle ainsi un constant besoin d'information et de formation des acheteurs publics et privés sur le secteur. " On constate en effet, à la fois un capital de sympathie fort chez les acheteurs publics comme privés, mais aussi une confusion entre les démarches, les labels et les marques de commerce équitable ", explique Gaëlle Giffard. " Nous avons besoin de rappeler régulièrement les atouts du commerce équitable, atouts que certains acteurs ont tendance à oublier ", poursuit David Roger, consultant Achats Responsables, dirigeant et fondateur du cabinet BuyYourWay.
S'adapter aux besoins des acheteurs
Selon l'étude, même si une communication grand public est utile, il s'agit surtout de lancer des actions très spécifiques sur les besoins des acheteurs. " Ces-derniers sont avant tout intéressés par les quantités disponibles sur le marché, par le niveau de qualité, les contraintes juridiques applicables, etc. ", remarque David Roger. Concernant les acheteurs du secteur public, ils ont besoin d'être informé sur l'intégration du commerce équitable par rapport aux contraintes du marché public. " Il est à noter une disparité au sein des acheteurs du public vis-à-vis des labels pour lesquels certains se sentent à l'aise et d'autres beaucoup moins ", remarque David Roger.
En outre, parmi les acteurs interrogés, alors que certains voient le commerce équitable comme une démarche concurrente du bio et du local, beaucoup estiment au contraire qu'il est complémentaire. Des grossistes et des acteurs de la restauration collective essaient de faire le lien entre les trois démarches auprès de leurs clients qui ont tendance à les opposer. Il est possible, a minima, d'envisager des campagnes de communication communes. 70% des produits du commerce équitable sont considérés comme BIO aujourd'hui, ce qui montre qu'il n'y a pas d'incompatibilité. Ceci pourrait déboucher sur une offre commerce équitable/bio/local, en créant des plates-formes régionales ou départementales.
Enfin, quelques exemples de réussite et d'intégrations exemplaires du commerce équitable sont à souligner, comme le fait remarquer Gaëlle Giffard, " Notamment dans les entreprises et collectivités (La Poste, Mairie de Paris, Bouygues Construction, Région Pays de la Loire, les villes de Grenoble, Nantes, Lyon) dans le textile en coton équitable ou pour les produits équitables dans les cantines ". Cependant l'essaimage de ces initiatives à grande échelle est encore à mener.
Méthodologie
Etude menée par BuyYourWay (David Roger), et Relations d'Utilité Publique (Vincent David). Elle est complétée d'un document interne plus technique et plus dense réservé aux acteurs du Commerce Equitable. 27 entretiens qualitatifs (majoritairement en face à face) menés de juillet à novembre 2013. Les structures ayant participé à l'étude sont : Max Havelaar France, AlterEco, Ethiquable, FNAB, Solidar'Monde, Biocoop Restauration, Mulliez-Flory, Cepovett, Fair Fibers, Cafés Richard, CNFPT, CCC, Ville de Drancy, Ville de Grenoble, Conseil Général de Seine Saint Denis, Conseil Régional des Pays de la Loire, Ministère de la Défense, Sodexo, Compass France, Metro, Cercle Vert, Transgourmet, Biofinesse, Soufflet, Best Western, Bouygues Construction, Alcatel-Lucent.
Par ailleurs, pour compléter cet accompagnement des acheteurs, la PFCE vient de publier un "Guide pratique pour réussir ses achats professionnels équitables", téléchargeable en ligne et disponible sur commande :
http://www.commercequitable.org/images/pdf/achats_publics/guideachatsequitables.pdf