Crise sanitaire : la contribution des achats publics à la continuité d'activité
Publié par Luc Perin le - mis à jour à
Télétravail, dématérialisation, adaptation des règles de la commande publique... Grâce à ces innovations, les acheteurs publics ont contribué et contribuent à la continuité d'activité pendant la crise sanitaire.
Le confinement est synonyme de télétravail pour beaucoup d'acheteurs publics. "Les achats sont particulièrement bien armés pour résister à ce type de crise grâce à la grande dématérialisation des marchés publics et à la signature électronique", explique Bertrand Delille Levesque, consultant senior chez CKS Public. "?Nous avons mis en place un télétravail massif, témoigne Marc Sauvage, directeur général adjoint des services achats, juridique et numérique, de la Région Île-de-France. Tout le monde étant déjà équipé de PC portables, il a permis une vraie continuité de service". Arielle Feuillas, consultante chez Citia, nuance cependant le succès du télétravail : "Tous les acheteurs publics ne sont pas égaux en termes d'organisation du travail. Certains clients ont fonctionné quasi normalement (NDLR: durant le premier confinement), mais d'autres n'étaient pas du tout préparés à cette situation."
L'approvisionnement en produits de santé a été une priorité de toutes les directions achats. "À l'échelon régional, nous avons fait l'acquisition des masques, de gel hydroalcoolique et d'équipements de protection pour l'ensemble des services de l'État, rapporte Pierre Villeneuve, directeur de la plateforme régionale des achats à la préfecture de la région Bretagne. Nous avons fait du sourcing dans l'urgence. La centrale d'achats régionale d'Île-de-France, née à l'automne 2019 et qui sert près de 3 000 acheteurs publics, a aussi pleinement joué son rôle lors du premier confinement. "Nous avons mis en place une plateforme digitale qui permettait aux acheteurs de signaler leurs besoins, notamment en masques", précise Marc Sauvage.
Un volet achats du plan de continuité d'activité
Pour faire face à la crise sanitaire, certains acheteurs publics ont pu s'appuyer sur un plan de continuité d'activité (PCA). À la préfecture de la région Bretagne, son volet achats a été activé dès le 13 mars. "Il nous a permis d'avoir très rapidement une cartographie des fournisseurs et segments stratégiques", souligne Pierre Villeneuve. "Il a eu pour effet de solliciter l'ensemble de nos fournisseurs pour qu'ils nous informent de leur continuité d'activité." Parmi les marchés stratégiques de cette institution, on trouve notamment la maintenance des ascenseurs, la fourniture des fluides (électricité, gaz, carburant), la maintenance électrique, la sécurité des bâtiments de l'État, la téléphonie mobile, la téléphonie fixe ou le nettoyage des commissariats de police.
Toutes les institutions n'avaient pas de plan de continuité d'activité avant la crise. Mais toutes ont pris des mesures fortes.
"Dans le domaine de la formation professionnelle, en Île-de-France, nous avons activé tout ce que nous pouvions en e-learning", explique Marc Sauvage. "Nous avons maintenu tous les travaux possibles pour permettre la continuité de l'activité économique. Nous n'avons pas appliqué de pénalités pour rallongement des délais."
Lire la suite en page 2 : Un sujet majeur : les chantiers de travaux / L'interview de Me Evangelia Karamitrou, avocate associée au cabinet Landot & associés.
Lire en page 3 : "Permettre une exécution en distanciel des prestations aux demandeurs d'emploi", l'interview de Philippe Maraval, directeur achats de Pôle Emploi